Inondations 2018 : la digue n’est pas une solution miracle

Un peu plus d’un an et demi après le dernier épisode d’inondations (mai-juin 2016), la Seine déborde à nouveau à Montesson, Maisons-Laffitte et quelques caves sont inondées à Sartrouville.

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Dans un premier temps il convient de se féliciter de la réactivité des services municipaux Sartrouvillois qui ont à nouveau répondu présent pour informer les habitants du niveau de la Seine en temps réel, on peut aussi remercier les autres acteurs comme par exemple la FCPE de l’école Marcel Pagnol (maternelle qui est très proche du fleuve, et qui avait été évacuée préventivement en 2016) pour l’information donnée aux parents.

En tant que Sartrouvillois, je suis aussi très content que notre digue ait limité les dégâts, à la différence des villes voisines. Mais sera t elle encore assez haute lors des prochains épisodes de crue ? Par ailleurs, beaucoup réclament le prolongement de la digue vers Montesson, mais est-ce que ce serait suffisant ?

Prenons un peu de recul : depuis une trentaine d’années, l’Île-de-France connait des périodes récurrentes de bas niveau de pluviométrie, et pourtant les crues localisées se produisent.
Pourquoi ? L’influence humaine du fait de l’urbanisation et de l’artificialisation des sols ainsi que des pratiques agricoles ne permettant plus aux eaux pluviales de pénétrer les sols et créent les conditions de crues sporadiques et localisées alors même que la période est plutôt sèche. Une pluviométrie plus importante pourrait apporter des dégâts bien plus conséquents.
Si nous devons repenser globalement l’urbanisation et ne plus autoriser d’artificialisation des sols, notre ville (et notre communauté d’agglomération) peut dès aujourd’hui prendre des mesures de bon sens :
–    Gestion de l’eau à la parcelle, il est paradoxal de vouloir protéger les habitants d’une crue de la Seine si les eaux pluviales sont de manière systématique rejetées au fleuve (soit en direct soit via la station d’Achères). En rechargeant les nappes phréatiques tout en protégeant les villes qui sont en aval, nous participerions à un effort global d’intérêt collectif,
Lors des constructions nouvelles et lors des acquisitions de biens, un contrôle et une mise à niveau des habitations pourrait être effectués, le coût global des projets immobiliers n’étant impacté qu’à la marge par de telles mesures,
–    Incitation à une modification des pratiques agricoles de la boucle de Seine, les taux de matières organiques très faibles de cette zone constitue en effet un manque dans la capacité des sols à retenir l’eau,
–    Modification de la place de l’arbre dans les parcs, une plus grande présence de l’arbre et passage de l’arbre isolé au bosquet permet l’infiltration de plus grandes quantités d’eaux au niveau des nappes, la crue du fleuve n’est pas liée à la remontée des nappes mais à la montée des affluents amonts, une plus grande imprégnation des nappes permettrait un étalement des épisodes de crues et donc leur écrêtement,
–    Arrêt des projets d’extension des zones commerciales, il n’est plus possible d’artificialiser encore les sols, il faut songer à travailler à périmètre constant et à valoriser les friches commerciales et industrielles existantes.
En conclusion, prolonger la digue à Montesson peut être vu comme un investissement positif pour 150 à 170 habitations, mais il ne s’agit pas d’une solution miracle et définitive si d’autres décisions ne sont pas prises :
–    veiller à ce que cet édifice ne modifie pas les aménagements nouvellement protégés et rendent plus coûteux une crue moins fréquente,
–    inscrire ce projet dans une politique (gestion de la cité) globale de l’Île-de-France et du bassin amont de la seine et de ses affluents,
–   penser protection et donc d’inciter toute mesure participant à cette protection (gestion de l’eau à la parcelle, fin de l’artificialisation des sols, pratiques agricoles, acceptation de la gestion commune de l’urbanisme et fin de l’esprit de clocher).